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La date du 6 juin 1944 marque incontestablement un tournant dans l’histoire de la Résistance. En effet, l’annonce du débarquement, longtemps espéré par beaucoup, secrètement redouté par quelques autres, modifie, radicalement, les perspectives d’avenir et le cours de la guerre. De plus, pour les résistants, l’annonce du débarquement, c’est la perspective de la Libération et des combats nécessaires à son succès.

 

 Des résistants de plus en plus nombreux

 Dès que les Alliés ont pris pied sur le sol normand, et, plus encore, dès que leur victoire ne parait plus discutée sur le terrain, les Français se rangent massivement du côté de De Gaulle.

 Aussi, le premier effet du débarquement est de faire grossir les rangs de la Résistance et d'enfler les troupes disposées à combattre l'Allemand.

 A l'A.S. (Armée secrète) issue de la fusion entre l'OCM et Libé-Nord en 1943, par exemple, le nombre de soldats de l'ombre qui était, officiellement, de 561 à la veille du débarquement, double en moins d'un mois pour atteindre 1081 au début juillet, puis quadruple dans les deux mois de juillet et août jusqu'à dépasser légèrement les 4.000 hommes au moment de la libération, début septembre 1944.

 Pour les F.T.P. (Francs Tireurs Partisans), qui sont 116 au 1er juin, le mois de juin est très favorable puisqu'il permet - toujours officiellement! - de dépasser l'A.S. avec 1575 hommes au 1er juillet. Les deux premiers mois d'été renforcent encore le recrutement des F.T.P. et portent le nombre de ses résistants à 3272 à la veille de la Libération. Les F.T.P. restent alors un peu moins nombreux que les résistants de l'A.S.

 A elles deux, les deux plus grosses formations paramilitaires du département rassemblent donc officiellement plus de 7.000 hommes (7.358 exactement) au moment de la Libération. A ce nombre, il faut ajouter pour être complet, quelques formations plus restreintes, et géographiquement marginales, qui ont été enrôlées dans les départements voisins, en particulier dans la Vienne, département où abondent - eu égard à la situation des Deux-Sèvres - l'argent, l'essence... et surtout les armes. Il faut citer en particulier le maquis Fernand constitué par Ernest Jousseaume (une centaine d'hommes) et le maquis Le Docteur dirigé par Robert Tabourdeau (une trentaine d'hommes) qui agissent dans le Mellois, aux confins de la Charente et de la Vienne. Ces troupes portent l'effectif mobilisable à près de 7.500 hommes.

 

 

Des sabotages partout 

  La période qui va du 6 juin 1944 jusqu'à la bataille de Melle, le 13 août 1944, est d'abord et avant tout le temps des sabotages: sur 66 opérations relevées par les commissions d'homologation FFI,  on note 41 sabotages. Car tant qu'il n'y a pas abondance d'armes, et c'est le cas en Deux-Sèvres, c'est la seule forme d'action possible.

 Les F.T.P. s'y montrent plus actifs au début de la période, et c'est logique compte tenu des ordres supérieurs qu'ils ont reçu et qui les encouragent à passer à l'action dès le débarquement. Mais, rapidement, l'A.S., qui piaffe elle aussi d'impatience et qui attend les ordres de Londres, suit le mouvement. Et son chef Edmond Proust (Chaumette), pourtant prudent, ne peut que laisser faire, tout en essayant de contrôler au maximum pour éviter les débordements dangereux.

 Les plus nombreux sont, et de loin, les sabotages ferroviaires. On en a relevé 27 entre le 26 juillet et le 13 août: plus d'un par jour en moyenne. Mais quatre dans la seule journée du 8 août (dans le Bressuirais, à Orbé près de Thouars, sur la ligne Sauzé-Melle et à St Christophe/Roc). Les groupes F.T.P., mais aussi ceux de l'A.S., multiplièrent les actions en juillet et août. Ces sabotages consistaient en déboulonnage de rails en un ou plusieurs points - cas le plus fréquent - (l'un mené en commun par l'A.S. et les F.T.P. immobilisa la voie ferrée Poitiers-Parthenay pour trois jours à partir du 24 août; un autre la ligne Thouars-Loudun pour 48 heures après le 5 août), en destruction de locomotives (à Bressuire, le 5 août) ou de draisines servant à réparer les voies (ainsi, au dépôt de Saint Maixent, le 15 août), en coupure des fils-signaux ou des fils téléphoniques SNCF, en ruptures d'aiguillages (comme à Saint Maixent le 9 août ou à Thouars, le 18 août), en télescopage volontaire de plusieurs locomotives (Thouars, le 22 août), ou encore en destruction au plastic des réservoirs d'eau et des stations de pompage pour trains à vapeur (à Saint Maixent et à La Mothe, le 2 août; à Bressuire, le 8 août).

 Ces sabotages peuvent parfois entraîner des drames comme celui qui coûta la vie à Drevin et Veillon, du triangle 16. Le 16 août 1944,   Paul Drevin, pose un engin explosif à Ricou, près d'Azay-le-Brûlé, sur la voie Poitiers - Niort. L'engin ne fonctionne pas. Deux jours après, le 18 août, Drevin, accompagné de ses camarades Veillon, Michelet et Ricard, retourne à Ricou poser un autre engin à une trentaine de mètres du premier. En attendant le passage annoncé de plusieurs trains, Drevin et Veillon, laissant Michelet et Ricard garder le pont, s'approchent du premier engin pour savoir pourquoi il ne s'est pas déclenché. Et c'est le drame. Atroce, affreux. Un quart d'heure après le départ de leurs deux camarades, Ricard et Michelet entendent une formidable explosion. Deux corps déchiquetés, en lambeaux, gisent de part et d'autre de la voie.

 

Des actions variées

 Dans cette période, les résistants réalisent aussi d'autres opérations que les sabotages. Ainsi, le 6 juillet, les hommes de l'A.S. arrêtent deux miliciens venus espionner un maquis en cours de création à la Boissotière, près de Cersay. Ce qui permet de repérer et de neutraliser,  le jour venu, les « collabos » les plus dangereux de la région. Le 8 août, un fort détachement A.S. commandé par Gérald Prinçay attaque, sur la route Thouars - Parthenay, un convoi allemand transportant des résistants arrêtés : après un combat meurtrier pour les Allemands (3 morts, 5 blessés), les trois résistants sont délivrés. Enfin, tous les moyens sont bons pour récupérer du matériel, des armes ou de l'essence. Citons, par exemple, l'attaque d'un camion citerne plein d'essence en provenance de la distillerie de Melle, le 10 août, qui permet de se procurer 6.000 litres d'essence, qui servirent de monnaie d'échange contre des armes (fusils, fusils-mitrailleurs et mitraillettes) fournies par les résistants de la Vienne. Ou la prise par les F.T.P. de Parthenay, de 1.000 litres d'essence sur l'ennemi, le 29 juillet. Ou encore, l'attaque d'un groupe de cyclistes allemands sur la route Melle - Chez qui permit de récupérer, le 10 août, une centaine de cartouches.

 Et si l'armement manque encore, certains groupes dynamiques et mieux dotés que d'autres, peuvent se permettre quelques opérations de commando contre des petits convois ou des isolés allemands. Le 2 août, dans les bois de La Couarde, près d'Argenton-Château, l'A.S. attaque un détachement allemand en stationnement et fait, par surprise, 28 prisonniers. Le 6 août, un groupe F.T.P. attaque un convoi d'une bonne dizaine de véhicules: plusieurs Allemands sont tués, un grand nombre blessé. Et, à partir de ce jour, les groupes F.T.P. mènent des opérations nettement plus nombreuses et plus hardies: à Châtillon/Sèvre, à Luzay, à Pamproux, à Azay/Thouet, à St-Aubin le Cloud, à La Maucarrière, à Moncoutant et à Combrand, notamment.

 Avec les armes parachutées par les Anglais à partir du 14 juillet, on va enfin pouvoir passer à l'action généralisée contre les Allemands !  

 

 

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